mercredi 26 septembre 2012

Dayazell - s/t

Après un mini-cd plus que réussi, les sudistes (ex-toulousains, maintenant basés à St Sulpice) Dayazell nous reviennent avec un premier vrai album. Dayazell, c'est quoi? Un quatuor revisitant librement mais avec talent les classiques des musiques médiévales et méditerranéenne, sacrés comme profanes.Vrais passionnés ayant à côté fait leurs armes (au propre comme au figuré) au sein de la troupe médiévale Armutan, les Daya vont rechercher de vieilles partitions médiévales por leur redoner un coup de jeune. Et sans souci des frontières.

Dayazell ne se limite pas à l'Europe, au contraire ce premier album emporte l'auditeur très loin: cantiques espagnoles, chants arméniens ou mongols, musique séfarade ou moyen-orientale, ils vont puiser partout. Ca se ressent niveau styles d'ailleurs. Si l'italienne "Tre fontane" est plutôt rythmée et dansante, rappelant la fête de village, un titre comme "Dyngyldaj" (traditionnel mongol) porte un souffle beaucoup plus épique, voir presque tragique. La très connue "Madre de deus" (Espagne, XIIIème siècle) est revisitée elle dans une veine instrumentale plus intimiste, lente et mélancolique. C'est aussi la force de Dayazell de ne pas s'enfermer pleinement dans un académisme poussiéreux mais de prendre la liberté de revisiter ces titres, de leur redonner vie. Tout en gardant une approche sérieuse basée sur un niveau technique excellent.

Une demi-heure, c'est quand même un peu court. Le cd est heureusement accompagné d'un dvd bien fourni avec huit titres filmés en 'vrai-faux' live, c'est à dire en conditions de concert mais sans public. Le groupe y est accompagné pour l'occasion d'une danseuse du ventre sur certains titres. L'interprétation est très bonne et l'image comme la prise de son très pros.

Dayazell nous invite donc à un voyage raffiné autour de la Méditerranée et un peu plus loin encore. Un voyage intérieur aussi. Je vous conseille d'embarquer avec eux.


Un titre en écoute et le contact pour commander, hop c'est ici: http://dayazell.bandcamp.com/

lundi 24 septembre 2012

Sites: le Mourral des morts


C’est un petit site oublié, perdu en plein cœur du Minervois. Pays de collines et de pinèdes, d’apparence aride et pourtant curieusement chaleureux. Les étendues de vignes sont autant de marques d’apprivoisement de cette nature revêche, et de loin en loin les vieux villages de pierre s’accrochent à la terre comme des lichens sur un tronc cramoisi. Belle et sauvage terre au nord de Carcassonne dont le soleil et le vent se disputent l’âme, où le temps marque une pause.

Au début d’un chemin, le panneau indique la voie : Mourral des morts. La marche se fait à rythme tranquille, entre collines et petits bois. Le terrain est légèrement accidenté, assez pour renforcer le caractère sauvage des lieux sans être exigeant. Surtout, le vallonnement et les incessantes bifurcations font vite perdre le sens de l’orientation. Sans repères, c’est un autre monde que l’on pénètre. Un autre pays et un monde intérieur, l’excursion se fait cheminement sacré, la détente devient méditation.

Et le Mourral surgit soudain sous nos pieds. Au détour du chemin on met d’un coup presque le pied sur la première tombe. Le site s’étale sur une petite superficie à flanc de colline, une cinquantaine de tombes environs disposées là au milieu de nul part. Toutes ou presque tournées vers le Levant. L’endroit est empreint d’un calme irréel qui détonne presque avec le reste de la région. Si le Minervois est un pays rêche mais paisible, le Mourral en lui-même est un espace de vide, d’attente. Un lieu complètement à part. 


Surgissant du sol, reposant sous quelques pins, les sépultures vides sont elles mêmes comme en attente. Certaines reposent à fleur de terre, d’autres imposent leur carrure granitique au relief. Une plus importante, cernée d’un muret de pierres parfaitement conservé, domine la nécropole de sa présence massive, alors qu’à un jet de pierre quelques trous plus petits, discrets, bien alignées, rappellent que des enfants aussi ont connu ici leur dernier sommeil. Après l’atmosphère presque abstraite de la marche, cela sonne comme un rappel de la profonde humanité qui emplit ce lieu.


 La nécropole de Villarzel a été utilisée par les Wisigoth de la région aux VIème et VIIème siècles. Elle fut redécouverte dans les années 70 par l’archéologue amateur Louis Giraud, qui y consacra plusieurs riches campagnes de fouilles. Outre les squelettes bien conservés, les tombes livrèrent une importante moisson d’objets : vases, bijoux, couteaux, objets religieux… le site est riche et reconnu, et le simple dépôt de stockage de Louis Giraud à Villarzel-Cabardès  s’est transformé en musée.
Et l’on se pose la question : pourquoi ici ? Est-ce justement l’étrange paix du lieu qui a poussé les Wisigoth de la région à y ensevelir leurs morts ? D’où venaient exactement ces hommes et femmes, dont on n’a pas encore retrouvé les habitations ? Des alentours ou de plus loin ? Les fouilles n’ont pas encore livré tous les secrets du Mourral, qui préserve encore son mystère. Et reste imperméable au temps qui passe, détaché du monde des vivants, immobile dans son écrin de nature sauvage, les tombes dressées contre le vent et le ciel.


Pour se rendre au Mourral, prendre l’autoroute A61 en direction de Carcassonne. Prendre la sortie 24 vers Trèbes et de là suivre la D135 en direction de Laure Minervois. Prendre ensuite la D35 en direction de Villarzel-Cabardès et s’arrêter au château de Villarlong. De là suivre le chemin de randonnée partant de derrière l’édifice. Et suivez bien les balisages (triangles bleus) !
Le musée de Villarzel-Cabardès se visite gratuitement mais uniquement sur rendez-vous (contacter Louis Giraud au  04 68 77 02 11).