mardi 3 juillet 2012

Dark Buddha Rising - Abyssolute transfinite




Une pochette aussi réussie qu'énigmatique. A la voir on peut se demander ce que vont contenir les deux galettes noires qu'elle renferme: du stoner doom enfumé? de la musique rituelle indienisante? de l'electro-transe sous champis? ou alors du black metal ésotérique aux vagues relents tendancieux, la faute à ce joli soleil noir en arrière plan...? Rien de tout celà... mais un peu de tout en fait! Avec les finlandais de Dark Buddha Rising on nage en plein sludge/doom ésotérique, sombre et massif comme une pyramide d'obsidienne, palpitant comme le coeur d'un sacrifié, mystique et envoutant comme les volutes d'encens d'une cérémonie impie.

Quatrième album pour ce trio venu du froid qui se fait peu à peu sa réputation chez les amateurs, surtout depuis leur passage remarqué au dernier Roadburn. Et pourtant c'est peu dire qu'on ne parle guère d'eux en général! Pour la promo on repassera. Pour le reste par contre on va rester un moment tant il y a à dire et ressentir.
Lourd. Dense. Brûlant. Suintant. Noir. Profond. On se perd en qualificatifs. On sait juste à l'écoute qu'on tient un truc pas banal, même si fait avec des éléments déjà connus mais si bien entrelacés qu'on reste captivé. Imaginez par exemple un Neurosis qui aurait trop écouté Magma. Ou Amen-Ra qui copule avec la lourdeur pachydermique de Fleshpress. Dark Buddha Rising tient d'ailleurs beaucoup du projet sludge de Mikko Asppa. Même intérêt pour les riffs lents et écrasants, pour les lignes de basse hypnotiques, même fascination pour les ambiances à la fois malsaines et délirantes. On dirait l'album Pillars passé à la moulinette tantrique. On se perd peu à peu dans ce labyrinthe de riffs gluants et opaques, de voix tantôt hurlées tantôt murmurées, de développements longs et tortueux cédant la place à des explosions dramatiques. Des montagnes sonores hallucinées. Des temples interdits. Des chants oubliés. Une longue hypnose narcotique, et ce soleil interieur brûlant, dévorant, s'ouvrant enfin dans une extase divine et douloureuse. Deux vinyls si denses et complets qu'on ne sait plus si l'album dure quarante minutes ou deux heures. Abyssolute transfinite est plus qu'une invocation, c'est un voyage vers des dimensions interieures oubliées.



Les versions LP étant tirées à relativement peu d'exemplaires sont maintenant assez chaudes à trouver. A l'heure ou cet article est écrit il en reste chez le label du groupe, Post RBMM. Et vu l'activité fournie des finlandais (quatre albums depuis 2007 quand même), on peut raisonnablement attendre du nouveau rapidement. On le souhaite!

(crédit photo Niels Vinck @ Roadburn).